samedi 15 avril 2023

Les résurgences d'eau douce sous-marines sont des sources d'eau douce qui se trouvent sous la surface de l'océan ou de la mer. Elles sont généralement situées dans des zones où les nappes phréatiques souterraines rencontrent l'eau de mer, créant ainsi une zone de transition où l'eau douce et l'eau salée se mélangent. Cette zone de transition est appelée interface eau douce-eau salée.


Pour commencer voici un extrait d'un rapport du Centre National pour l'Exploitation des Océans publié en 1973







Le reste du rapport est disponible à cette adresse :
https://archimer.ifremer.fr/doc/00082/19316/16910.pdf

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Strabon, un géographe et historien grec du 1er siècle avant J.-C. au 1er siècle après J.-C., a également discuté de l'existence de l'eau douce sous-marine dans son ouvrage "Géographie" (livre XVI, chapitre 2). Il a décrit comment les Grecs ont creusé des puits d'eau douce sur les côtes de la Méditerranée et de la mer Noire, en utilisant des techniques d'excavation souterraine pour atteindre des aquifères d'eau douce sous-marins. Il a également mentionné que les Égyptiens et les Romains étaient également conscients de l'existence de l'eau douce sous-marine et l'ont exploitée de la même manière.


Voici une traduction d'un extrait de "Géographie" où Strabon discute de l'eau douce sous-marine (traduction libre) :


"Les Grecs ont découvert de l'eau douce en mer, et ont creusé des puits pour l'obtenir. En Crimée, ils ont creusé des puits à Chersonèse, où l'eau était à une profondeur de 20 coudées. Les Égyptiens ont également découvert de l'eau douce en mer, et ont utilisé des techniques similaires pour l'obtenir. Les Romains ont également creusé des puits d'eau douce à proximité de la mer, et ont même construit des aqueducs pour transporter cette eau douce dans les villes de l'intérieur des terres."

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Pline l'Ancien a vécu au Ier siècle après J.-C., et son ouvrage "Histoire Naturelle" a été publié vers 77 après J.-C. Cependant, il est possible que les connaissances sur l'existence de l'eau douce sous-marine remontent à des périodes antérieures, comme cela a été suggéré par les découvertes archéologiques dans des sites anciens tels que Abousir en Égypte et Mohenjo-Daro dans la vallée de l'Indus, qui datent de plusieurs milliers d'années avant notre ère.


Voici une traduction d'un extrait de "Histoire Naturelle" où Pline discute de l'eau douce sous-marine (traduction libre) vers 77 après J.-C. : 

"Il y a des endroits où des sources d'eau douce apparaissent même en mer. Le fait que cela soit possible a été découvert par les Grecs, qui ont établi des colonies sur les côtes, et qui ont trouvé de l'eau douce en creusant des puits à proximité de la mer. Les Romains ont également utilisé cette technique, et il y a même des endroits où les aqueducs ont été construits pour transporter cette eau douce vers les villes de l'intérieur des terres. Les Égyptiens, eux aussi, sont familiers avec cette ressource."


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Pausanias, un voyageur et écrivain grec du IIe siècle après J.-C., a également fait référence à l'existence de l'eau douce sous-marine dans son ouvrage "Description de la Grèce" (livre II, chapitre 1). Il a écrit sur une source d'eau douce sous-marine à Argos, en Grèce, qui était située à environ 300 pieds (environ 90 mètres) de la côte et qui était accessible par un puits creusé dans la roche sous-marine. Il a également mentionné que les Grecs étaient familiers avec l'existence de l'eau douce sous-marine et l'ont exploitée pour leurs besoins en eau.


Voici une traduction d'un extrait de "Description de la Grèce" où Pausanias décrit la source d'eau douce sous-marine à Argos (traduction libre) :


"Argos possède également une source d'eau douce sous-marine, qui est à environ 300 pieds de la côte. L'eau est accessible par un puits creusé dans la roche sous-marine. Les habitants d'Argos utilisent cette source pour leur approvisionnement en eau, qui est abondante et de bonne qualité. Les Grecs ont découvert de telles sources d'eau douce en mer, et ont creusé des puits pour l'obtenir. Ils ont également utilisé des techniques similaires pour l'obtenir à partir des rivières souterraines."

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Sites archéologiques : 

- Le site archéologique d'Abousir en Égypte, où des puits d'eau douce ont été découverts dans les couches les plus anciennes du site, datant du début de la période dynastique égyptienne.

- Le site archéologique de Saqqara en Égypte, où des puits d'eau douce ont été découverts à proximité de la mer Méditerranée.

- Le site archéologique de Mohenjo-Daro dans la vallée de l'Indus, où des preuves d'un système sophistiqué d'approvisionnement en eau ont été découvertes, comprenant des puits, des citernes et des canaux d'irrigation souterrains.

- Le site archéologique de Suse en Iran, où des preuves d'un système d'approvisionnement en eau souterraine ont été découvertes, comprenant des puits et des canaux en briques crues.


Représentations artistiques anciennes :

Il existe des représentations artistiques anciennes qui évoquent les puits de captage ou les résurgences d'eau douce sous-marines, mais elles sont assez rares car le sujet n'était pas très répandu dans l'art antique. Cependant, voici quelques exemples :


Une mosaïque romaine datant du 3ème siècle après J.-C. et découverte en Tunisie, représente une scène de pêche avec des filets tirés par des chevaux dans une zone où l'eau douce et l'eau salée se rencontrent. La mosaïque montre clairement une zone de transition entre l'eau douce et l'eau salée, avec des plantes aquatiques et des poissons dans les deux types d'eau.

  • Nom : "Mosaïque des Pêcheurs"
  • Lieu de découverte : Site archéologique de Sousse, en Tunisie
  • Datation : 3ème siècle après J.-C.
  • Institution : British Museum (Londres)


Une peinture murale de la villa romaine de Boscotrecase, datant du 1er siècle après J.-C., représente une scène similaire à celle de la mosaïque décrite ci-dessus, avec des pêcheurs utilisant des filets dans une zone de transition eau douce-eau salée.

  • Nom : "Vénus Anadyomène" ou "Vénus sortant de l'eau
  • Lieu de découverte : Villa romaine de Boscotrecase, Italie
  • Datation : Ier siècle après J.-C.
  • Style : Fresque romaine
  • Description : Représentation de la déesse Vénus sortant de l'eau, entourée de nymphes et de tritons


samedi 19 avril 2014

D'autres mondes, les guérisseurs Shipibo et l'Ayahuasca




Alors qu'il tourne Blueberry, l'expérience secrète, Jan Kounen rencontre les guérisseurs Shipibo d'Amazonie péruvienne et découvre leur plante sacrée : l'Ayahuasca, la liane des esprits.

Extrêmement marqué par cette expérience, il décide de revenir au Pérou afin de tourner un documentaire sur la plante et les rites médicinaux des chamans. Pour cela il filme les autochtones mais va aussi rencontrer des neurologues, philosophes, artistes, chimistes travaillant sur ce sujet. Il interroge notamment Jean Giraud, le dessinateur de Blueberry, Guillermo Arevalo ou Kary Mullis, prix Nobel de chimie 1993.

Plus qu'un documentaire traditionnel, le film se veut une invitation au voyage, une porte entrouverte sur un autre monde ou une autre perception du réel.

Il a reçu le Grand prix du documentaire au Festival mondial du film d'aventure de Manaus 2004.

Vous pouvez le regarder ici :

Et vous pouvez regarder une interview de Jan Kounen à propos du film :


Dualité onde corpuscule

Article extrait de Wikipedia :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Dualit%C3%A9_onde-corpuscule#Mise_en_.C3.A9vidence_de_la_dualit.C3.A9

Interférence d'une particule quantique avec elle-même
En physique, la dualité onde-corpuscule ou dualité onde-particule est un principe selon lequel tous les objets physiques peuvent présenter des propriétés d'ondes ou de particules. La manifestation de ces propriétés ne dépend pas seulement de l'objet physique pris isolément, mais aussi de tout l'appareillage de mesure. Ce concept fait partie des fondements de la mécanique quantique.

Cette dualité tente de rendre compte de l'inadéquation des concepts conventionnels de « particules » ou d'« ondes », pris isolément, à décrire le comportement des objets quantiques. L'idée de la dualité prend ses racines dans un débat remontant aussi loin que le xviie siècle, quand s'affrontaient les théories concurrentes de Christiaan Huygens qui considérait que la lumière était composée d'ondes et celle de Isaac Newton qui considérait la lumière comme un flot de particules. À la suite des travaux d'Albert Einstein, Louis de Broglie et bien d'autres, les théories scientifiques modernes accordent à tous les objets une nature d'onde et de particule, bien que ce phénomène ne soit perceptible qu'à des échelles microscopiques.

Onde ou particule, c'est l'absence de représentation plus adéquate de la réalité des phénomènes qui nous oblige à adopter, selon le cas, un des deux modèles alors qu'ils semblent antinomiques (voir infra).

Sommaire  [masquer]
1 Approches vulgarisées
1.1 Introduction
1.2 La métaphore du cylindre
2 Historique du concept
2.1 Huygens et Newton
2.2 Fresnel, Maxwell et Young
2.3 Einstein et les photons
2.4 De Broglie
3 Mise en évidence de la dualité
4 Interprétation de la dualité
5 Notes
6 Voir aussi
6.1 Articles connexes
6.2 Lien externe

Approches vulgarisées
Introduction
Un des grands problèmes de la physique quantique est de donner des images. En effet, l'être humain a besoin d'images pour réfléchir, pour retenir (voir l'article Psychologie cognitive).

On ne peut se construire des images que par analogie avec ce que l'on connaît, avec notre expérience quotidienne. Ainsi, lorsque l'on s'imagine une onde, il nous vient à l'esprit les vagues sur l'eau ; lorsque l'on s'imagine une particule, il nous vient à l'esprit une bille.

Le problème en physique quantique est que, pour se représenter les objets aux petites échelles ou aux échelles élevées d'énergie (particules élémentaires), il faut faire appel aux deux notions d'ondes et de particules solides, alors qu'elles sont opposées et incompatibles :

Propriétés macroscopiques des ondes et particules
Particule Onde
Position ou interaction localisée, d'extension définie délocalisée, d'extension infinie dans le temps et l'espace
Propagation trajectoire continue, avec une vitesse définie et observable diffusion en même temps dans toutes les directions (son "moment" virtuel n'est pas directement observable)
Dénombrabilité et séparabilité l'objet est dénombrable, et séparable en objets distincts. l'objet est indénombrable et inséparable en objets distincts.
Ceci cause un grand trouble, une incompréhension, et entraîne fréquemment un blocage, notamment lorsque l'on se pose la question : « si une particule est bien localisée hors interaction comment se fait-il qu'elle ne le soit pas lors d'une interaction ? »

La métaphore du cylindre


Métaphore du cylindre : objet ayant à la fois les propriétés d'un cercle et d'un rectangle
La métaphore du cylindre est l'exemple d'un objet ayant des propriétés apparemment inconciliables. Il serait à première vue déroutant d'affirmer qu'un objet a à la fois les propriétés d'un cercle et d'un rectangle : sur un plan, un objet est soit un cercle, soit un rectangle.

Mais si l'on considère un cylindre : une projection dans l'axe du cylindre donne un cercle, et une projection perpendiculairement à cet axe donne un rectangle.

De la même manière, « onde » et « particule » sont des manières de voir les choses et non les choses en elles-mêmes.

Notons par ailleurs que dans la description mathématique de la physique quantique, le résultat de la mesure est similaire à une projection géométrique (notion d'observable : l'état de l'objet est décrit par des nombres que l'on peut voir comme des coordonnées dans une base vectorielle, et en géométrie euclidienne, les coordonnées sont la projection de l'objet sur les axes de référence).

C’est l’absence d’équivalent macroscopique sur quoi nous pourrions nous référer qui nous force à penser les objets quantiques comme possédant des attributs contradictoires. Il serait inexact de dire que la lumière (comme tout autre système quantique d’ailleurs) est à la fois une onde et une particule, ce n’est ni l’un, ni l’autre. Le manque d'un vocabulaire adéquat et l'impossibilité de se faire une représentation mentale intuitive des phénomènes à petite échelle nous font voir ces objets comme ayant une nature, par elle-même, antinomique.

Pour lever cet apparent paradoxe et insister sur l'imperfection de nos concepts classiques d'onde et de corpuscule, les physiciens Jean-Marc Lévy-Leblond et Françoise Balibar ont proposé d'utiliser le terme de « quanton » pour parler d'un objet quantique. Un quanton n'est ni une onde, ni un corpuscule, mais peut présenter les deux aspects selon le principe de complémentarité de Bohr.

La gnoséologie cartésienne utilise cette idée pour démontrer que nos sens nous trompent. Descartes prend cet exemple : « Comme aussi une tour carrée étant vue de loin paraît ronde »1. Descartes utilise la même métaphore : des objets ou des formes géométriques différents ayant les propriétés de l'un et de l'autre (mais ils ne sont ni l'un, ni l'autre).

Historique du concept
La dualité onde-particule s'est imposée au terme d'une longue histoire où les aspects purement ondulatoires et corpusculaires ont été tour à tour privilégiés. Ces aspects ont tout d'abord été mis en évidence avec les théories de la lumière, avant d'être étendus — au xxe siècle — à tous les objets physiques.

Huygens et Newton
La première théorie complète de la lumière a été établie par le physicien néerlandais Christian Huygens au xviie siècle. Il proposait une théorie ondulatoire de la lumière et a en particulier démontré que les ondes lumineuses pouvaient interférer de manière à former un front d'onde se propageant en ligne droite. Toutefois, sa théorie possédait certaines limitations en d'autres domaines et fut bientôt éclipsée par la théorie corpusculaire de la lumière établie à la même époque par Isaac Newton.

Newton proposait une lumière constituée de petites particules, expliquant ainsi simplement les phénomènes de réflexion optique. Au prix de complications considérables, cette théorie pouvait également expliquer les phénomènes de réfraction à travers une lentille, et de dispersion d'un faisceau lumineux à travers un prisme.

Bénéficiant de l'immense prestige de Newton, cette théorie ne fut pas remise en question pendant plus d'un siècle.

Fresnel, Maxwell et Young
Au début du XIXe siècle, les expériences de diffraction faites par Thomas Young et Augustin Fresnel ont démontré l'exactitude des théories de Christiaan Huygens : ces expériences prouvèrent que quand la lumière est envoyée sur un réseau de diffraction, on observe un motif d'interférence caractéristique, très semblable aux motifs résultant de l'interférence d'ondulations sur l'eau; la longueur d'onde de la lumière peut être calculée à partir de tels motifs.

Le point de vue ondulatoire n'a pas remplacé immédiatement le point de vue corpusculaire, mais s'est imposé peu à peu à la communauté scientifique au cours du XIXe siècle, surtout grâce à l'explication en 1821 par Augustin Fresnel du phénomène de polarisation de la lumière que ne pouvait expliquer l'autre approche, puis à la suite de l'expérience menée en 1850 par Léon Foucault sur la vitesse de propagation de la lumière. Ces équations furent vérifiées par maintes expériences et le point de vue de Huygens devint largement admis.

James Maxwell, à la fin du XIXe siècle, expliqua la lumière en tant que propagation d'ondes électromagnétiques avec les équations de Maxwell.

Einstein et les photons
En 1905, Albert Einstein réintroduisit l'idée que la lumière pouvait avoir une nature corpusculaire  : il expliqua l'effet photoélectrique, en postulant l'existence des photons, sortes de grains d'énergie lumineuse avec des qualités de particules. Einstein admit que la fréquence ν (nu) de cette lumière, est liée à l'énergie E des photons par la relation de Planck  :

E = h \nu
où h est la constante de Planck (6,626×10-34J s).

Cette relation prit le nom de relation de Planck-Einstein.[réf. nécessaire] Cette vision fut contestée très longtemps[réf. nécessaire], en particulier parce qu'elle ne s'accorde pas facilement avec les comportements spécifiquement ondulatoires tels que la diffraction.

De Broglie
En 1924, dans sa thèse2, Louis de Broglie affirma que toute matière (et pas seulement la lumière) a une nature ondulatoire. Il associa la quantité de mouvement p d'une particule à une longueur d'onde λ, appelée longueur d'onde de de Broglie : \lambda = \frac{h}{p}

C'est une généralisation de la relation de Planck-Einstein indiquée ci-dessus, car la quantité de mouvement (ou l'impulsion) d'un photon est donnée par p = \frac Ec où c est la vitesse de la lumière dans le vide, et \lambda = \frac{c}{\nu} (si on remplace p et \lambda  dans l'équation de de Broglie, on retrouve la relation de Planck-Einstein).

Article détaillé : Hypothèse de De Broglie.
La formule exprimée par de Broglie fut confirmée trois ans après par Clinton J. Davisson et Lester H. Germer. Ceux-ci dirigèrent un faisceau d'électrons qui, contrairement aux photons, ont une masse, vers un réseau de diffraction cristallin : les motifs d'interférence attendus purent ainsi être observés.



Exemple de molécule de fullerène
Des expériences semblables ont été entreprises depuis avec des protons et même avec des molécules entières, avec notamment l'expérience d'Estermann et Otto Stern en 1929, et la formule a été confirmée dans tous les cas.

De Broglie reçut en 1929 le prix Nobel de physique pour son hypothèse, qui influença profondément la physique de cette époque.

La confirmation la plus spectaculaire est celle qui a été faite en 1999 par des chercheurs de l'Université de Vienne3, qui ont fait diffracter du fullerène (molécule C60). Dans cette expérience, la longueur d'onde de de Broglie était de 2,5 pm alors que la molécule a un diamètre d'environ 1 nm, soit 400 fois supérieur.

Mise en évidence de la dualité


Figure 1 : Schéma de l'expérience.
Une des manières les plus claires de mettre en évidence la dualité onde-particule est l'expérience des fentes de Young. Cette expérience est connue depuis le XIXe siècle, où elle a d'abord mis clairement en évidence l'aspect purement ondulatoire de la lumière. Modifiée de manière adéquate, elle peut démontrer de manière spectaculaire la dualité onde-corpuscule non seulement de la lumière, mais aussi de tout autre objet quantique. Dans la description qui suit, il sera question de lumière et de photons mais il ne faut pas perdre de vue qu'elle est également applicable - du moins en principe - à toute autre particule (par exemple des électrons), et même à des atomes et à des molécules.



Figure 2 : Figure d'interférence observée.
L'expérience consiste à éclairer par une source lumineuse un écran percé de deux fentes très fines et très rapprochées. Ces deux fentes se comportent comme deux sources secondaires d'émission lumineuse. Une plaque photographique placée derrière l'écran enregistre la lumière issue des deux fentes (⇐ voir figure 1).

Ces deux sources interfèrent et forment sur la plaque photographique ce que l'on appelle une figure d'interférence (voir figure 2 ⇒). Cette figure est caractéristique d'un comportement ondulatoire de la lumière (voir l'article interférence). Si l'expérience en reste à ce niveau, l'aspect corpusculaire n'apparaît pas.



Figure 4 : Figure d'interférence constituée petit à petit
En fait, il est possible de diminuer l'intensité lumineuse de la source primaire de manière à ce que la lumière soit émise photon par photon. Le comportement de la lumière devient alors inexplicable sans faire appel à la dualité onde-corpuscule.



Figure 3 : Expérience avec de « vraies » particules, par exemple des micro-billes.
En effet, si on remplace la source lumineuse par un canon qui tire des micro-billes à travers les deux fentes (par exemple), donc de "vraies" particules, on n'obtient aucune figure d'interférence, mais simplement une zone plus dense, en face des fentes (⇐ voir figure 3).

Or, dans le cas des photons, on retrouve la figure d'interférence reconstituée petit à petit, à mesure que les photons apparaissent sur la plaque photographique (figure 4 ⇒). On retrouve donc une figure d'interférence, caractéristique des ondes, en même temps qu'un aspect corpusculaire des impacts sur la plaque photographique.

L'interprétation de cette expérience est difficile, car si on considère la lumière comme une onde, alors les points d'impacts sur la plaque photographique sont inexplicables; on devrait voir dans ce cas très faiblement, dès les premiers instants, la figure d'interférence de la figure 2, puis de plus en plus intense. Au contraire, si on considère la lumière comme étant exclusivement composée de particules, alors les impacts sur la plaque photographique s'expliquent aisément, mais la figure d'interférence ne s'explique pas : comment et pourquoi certaines zones seraient privilégiées et d'autres interdites à ces particules ?

Force est donc de constater une dualité onde-particule des photons (ou de tout autre objet quantique), qui présentent simultanément les deux aspects.

Interprétation de la dualité


Interférence des ondes de probabilité
En mécanique quantique, la dualité onde-particule est expliquée comme ceci  : tout système quantique et donc toute particule est décrit par une fonction d'onde qui code la densité de probabilité4 de toute variable mesurable (nommée aussi observable). La position d'une particule est un exemple d'une de ces variables. Donc, avant qu'une observation soit faite, la position de la particule est décrite en termes d'ondes de probabilité.

Les deux fentes peuvent être considérées comme deux sources secondaires pour ces ondes de probabilité : les deux ondes se propagent à partir de celles-ci et interfèrent (voir schéma de droite ⇒).

Sur la plaque photographique, il se produit ce que l'on appelle une réduction du paquet d'onde, ou une décohérence de la fonction d'onde : le photon se matérialise, avec une probabilité donnée par la fonction d'onde : élevée à certains endroits (frange brillante), faible ou nulle à d'autres (franges sombres).



Sur les point rouges de la plaque grise, la particule se matérialise très clairement, aux points noirs, là où les ondes interfèrent, pas du tout.
Cette expérience illustre également une caractéristique essentielle de la mécanique quantique  : jusqu'à ce qu'une observation soit faite, la position d'une particule est décrite en termes d'ondes de probabilité, mais après que la particule est observée (ou mesurée), elle est décrite par une valeur fixe.

La manière de conceptualiser le processus de la mesure est l'une des grandes questions ouvertes de la mécanique quantique. L'interprétation standard est l'interprétation de Copenhague, mais la théorie de la décohérence est aussi de plus en plus considérée par la communauté scientifique. Voir l'article Problème de la mesure quantique pour une discussion approfondie.

samedi 1 mars 2014

Les Houris dans le Coran

Les houris du paradis, récompense des élus
Dans cet article, nous allons analyser ce document, trouvé sur le site capucins.net, et qui semble être une analyse assez poussée basée principalement sur le études de Luxenberg dans son livre .....
Ci dessous le lien original et une copie de l'article, accopagnées d'autres extraits, d'autres pages ou sites ainsi qu'une analyse des références citées.
http://www.capucins.net/coran-aujourdhui/Le-Coran-et-l-arameen.html

Les versets sur les houris sont particulièrement difficiles à comprendre. Le point de départ des commentateurs musulmans est le sens du mot houri. En arabe, la racine hur signifie blanc.
Vérifions ce point avant de continuer
Définition du mot حور dans les dictionnaires arabe en ligne :
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حَوِرَ: ( فعل ) 
حوِرَ يَحوَر ، حَوَرًا ، فهو أحْوَرُ ، وهي حوْراء والجمع : حُورٌ 
حوِرتِ العينُ : اشتدّ بياضُ بياضها وسوادُ سوادها واستدارت حدقتُها ، ورقَّت جفونُها عين حوراءُ ، 
حَوِرَتِ الْمَرْأةُ : كَانَتْ حَوْرَاءَ 
حَوِرَتِ : اسودَّت كلُّها ، مثل أعين الظّباء والبقر
حَوَّرَ: ( فعل ) 
حوَّرَ يحوِّر ، تحويرًا ، فهو مُحوِّر ، والمفعول مُحوَّر 
حَوَّرَ الثَّوْبَ : بَيَّضَهُ ، غَسَلَهُ 
حَوَّرَ القِرْصَ : دَوَّرَهُ بِالمِحْوَرِ 
حَوَّرَهُ اللَّهُ : خَيَّبَهُ وأَعَادَهُ إلَى النَّقْصِ 
حَوَّرَ الأدِيمَ : صَبَغَهُ بِحُمْرَةٍ 
حَوَّرَ الكَلامَ : غَيَّرَهُ ، عَدَّلَهُ 
حَوَّرَ الدابّةَ ونحوها : كوَاها كَيَّة مستديرة 
حَوَّرَ الخُفَّ ونحوَه : بطَّنه بحَوَرٍ 
حَوَّرَ الخُبْزَةَ ونحوها : هَيَّأها وأَدارها ليضعها في المَلَّة 
حَوَّرَ الشيءَ : رَجَعَهُ
حَور: ( إسم ) 
الجمع : أَحْوَارٌ 
شَجَرٌ مِنْ فَصِيلَةِ الصَّفْصَافِيَّاتِ ، خَشَبُهُ أَبْيَضُ خَفِيفٌ ، يُسْتَعْمَلُ بِكَثْرَةٍ فِي الصِّنَاعَةِ الخَشَبِيَّةِ لِصُنْعِ الأثَاثِ 
مصدر حارَ
حَوَر: ( إسم ) 
الحَوَرُ : شدة البياض في بَياض العين مع شدة السواد في سوادها 
الحَوَرُ : النَّجمُ الثالث من الذَّيْل في بنات نَعْش الكُبرى ، وهو الملاصق للنعش 
الحَوَرُ : شُيءٌ يُتَّخذ من الرْصَاص المُحرَق تَطلي به المرأة وجْهَها للزينة 
الحَوَرُ : البَقَرُ والجمع : أحوار 
الحَوَرُ : الأدِيمُ المصبوغ بحُمرةٍ تُعشَّى به السِّلال 
الحَوَرُ : الجلُودُ البيضَ الرِّقاق تعمل منها الأسْفَاطُ
حور: ( إسم ) 
الحُورُ : النَّقص والهلاكُ 
إنه في حُورٍ وبُورٍ : في غير صَنْعة ولا إجادة ، أَو في ضَلالٍ 
والباطلُ في حُور : في نقْص وتراجُعٍ 
الحُورُ : جمع حَوْراء نساء الجنّة { حُورٌ مَقْصُورَاتٌ فِي الْخِيَامِ
الحُورُ : خشبٌ أَبيض اللون ، له مظهرٌ مُتجانس ، يستعمل في صُنْع أَلواح خشَب الطَّبقات :[ الأبلكاش ] 
مفرد حَوراءُ : 
حُور عين : نساءٌ بيض أو شديدات بياض العين مع شدّة سواد الحدقة ، أو نساء واسعات العين مع شدّة بياض لبياضها وسوادٍ لسوادها { مُتَّكِئِينَ عَلَى سُرُرٍ مَصْفُوفَةٍ وَزَوَّجْنَاهُمْ بِحُورٍ عِينٍ }
حُور : جمع أَحْوَرُ
حُورّ : جمع حَوراء
حَوَر : مصدر حَوِرَ
حُوْرٌ : جمع أَحْوَرُ
حُوْرٌ : جمع حَوْرَاءُ
الجمع : حُورّ 
الحَوْراءُ من النِّساء : البيضاء ، لا يُقصد بذلك حَوَرُ عينَيْها 
الحَوْراءُ : الكيَّةُ المدوَّرة حول عَين الدَّابة لأن موضعها يبيضّ 
عَيْنٌ حَوْرَاءُ : إذَا اشْتَدَّ بَيَاضُ بَيَاضِهَا وَسَوادُ سَوَادِهَا
أَحْوَرُ: ( إسم ) 
الجمع : حُور ، المؤنث : حَوراءُ ، و الجمع للمؤنث : حُور 
صفة مشبَّهة تدلّ على الثبوت من حوِرَ 
وَلَدٌ أَحْوَرُ : وَلدٌ اشْتَدَّ بَيَاضُ بَيَاضِ عَيْنَيْهِ مَعَ سَوَادِ سَوَادِهِمَا ، اِمْرَأَةٌ حَوْرَاءُ


Si l’on prend ce sens, les versets en question sont incompréhensibles (Une tentative pour attribuer au mot hur dans le Coran le sens jeune fille imagine que hur, blanc, serait une abréviation qui sous entendrait "jeune fille blanche quant au blanc des yeux. " Ces commentateurs trouveraient naturel que dans le Coran " poilu" signifie jeune fille car ce serait une abréviation de "jeune fille poilue quant au cuir chevelu", ou encore "cornu" pourrait signifier jeune fille, ce mot étant tenu pour une abréviation sous entendant "jeune fille aux ongles formés de corne".).

Les commentateurs font dériver houri de la racine perse hur, qui signifie prostituée. Le plus souvent, ces commentateurs ne savent pas que le sens qu’ils retiennent vient du perse. Ils croient qu’il s’agit d’un second sens de la racine arabe.
Je ne trouve pas encore de preuve de ce qui est avancé ici, du moins l'origine perse du mot, mais on voit que le sens "prostitué" n'est pas du tout mentionné dans le dictionnaire.

Comme le perse est une langue indoeuropéenne, on trouve la même racine, avec le même sens, dans l’allemand Hure et l’anglais whore. Les houris sont ainsi les filles de plaisir que le paradis musulman met au service sexuel des élus, et cette conjecture sert de fil conducteur pour mettre les signes diacritiques et les voyelles, et pour chercher sur cette base la solution de tous les problèmes de ces versets.
Certains érudits musulmans sont très gênés par l’utilisation d’une racine perse car le Coran est censé écrit en arabe pur, du fait que l’arabe est la langue que parlent Allah et les anges depuis avant la fondation du monde. 
Cela les conduit à une conjecture qui permet d’éliminer la racine perse : le mot arabe hur, blanc, signifie jeune fille car il faut le comprendre comme une abréviation sous entendant : "jeune fille blanche quant au blanc des yeux." Cette contorsion sémantique montre l’importance qu’il y a à soutenir que le Coran est écrit en arabe pur.
Nous en avons vu les raisons, occulter les nazaréens et mettre l’ethnie arabe au premier plan.

Les commentateurs, parmi lesquels le plus respecté par les musulmans est Tabari, ont du déployer des trésors de subtilité et d’imagination pour trouver, dans le cadre qu’ils ont choisi, un sens compréhensible à ces versets, et plus encore pour que le sens proposé soit cohérent d’un verset à l’autre.
Malgré tant d’efforts, le résultat n’est pas particulièrement convaincant : ainsi le Coran déclare que les houris sont "rouges comme le rubis, rouges comme le corail" S55/V56-58 , ce qui n’a aucun sens pour une jeune fille.




Faux : A aucun moment, le texte ne parle de rougeur. Ils les compare plutot à des Rubis et du Corail, ceci peut totalement faire référence à leur rareté ou leur beauté plutot que leur rougeur.

Elles ont "de gros yeux blancs" [13] S37/V48,
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S44/V54,
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 52/20
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55/72
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S56/V22




 ce qui ne signifie rien non plus : on admire les beaux yeux bleus, ou noirs, ou verts d’une jeune fille, mais non ses yeux blancs, qui seraient ceux d’une aveugle. Les commentateurs proposent une conjecture : en parlant d’œil blanc, le Coran signifierait que le blanc de l’œil ferait un beau contraste avec la noirceur de l’iris, bien que l’iris noir ne soit jamais mentionné dans le Coran. Cette conjecture trouve un appui dans un hadith rapporté par Boukhari  [14] :
"Leurs aspect (des houris) étonne le regard, tant sont tranchés le noir et le blanc de leurs yeux."
Certains traducteurs se fondent sur cette conjecture pour traduire "l’œil blanc" du Coran par "œil noir" [15]. Cela ne résout pas le problème, mais le dissimule, au prix d’une falsification : blanc ne signifie pas noir. D’autres traducteurs, également gênés par ces yeux blancs, traduisent grands yeux, en oubliant le blanc [16], ou bien sautent ces mots [17].

Pour commencer, tous ces versets ne contiennent pas le mot hour, ou houri, comme présentés, mais il contiennent tous le mot Ain, qui veut dire Oeil (Il semble ici que les frères capucins n'ont pas très bien compris l'analyse de Luxenberg, qui parle plutot de l'oeil, à ce que je sache. Nous y reviendrons dans une analyse plus approfondie.)
On distingue dans ces 5 versets, cités en référence 3 composition de mots :
2 fois le mot : حورٌ
2 fois le mot : حور عين
Le cinquième parle plutot de قصرات طرف عين ce qui voudrait dire "femmes qui ne regardent que leurs maris" 
http://library.islamweb.net/newlibrary/display_book.php?idfrom=2061&idto=2061&bk_no=64&ID=1745
الأولى : أنهن قاصرات الطرف ، وهو العين ، أي : عيونهن قاصرات على أزواجهن ، لا ينظرن إلى غيرهم لشدة اقتناعهن واكتفائهن بهم . 

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Un verset compare les yeux à un œuf blanc [18] S37/48.



 Les commentateurs transportent la comparaison à la houri tout entière plutôt qu’à ses seuls yeux. Le sens est moins choquant, mais exalter la beauté d’une jeune fille en la comparant à un œuf est assez étrange [19].

Ici, le texte ne compare pas réellement les yeux à des oeufs, mais plutôt les supposées houri. Et il est très probable selon certains que le texte parle de la couleur de leurs peaux, plutôt que de leurs aspect physique. En tous cas on voit bien que le mot ain et le mot oeuf sont dans 2 versets séparés.
Il faudrait toute fois chercher l'interprétation du verset dans son contexte plutôt que tiré de son contexte.
Nous pourrons revenir sur sons sens dans le contexte de la sourate telle qu'elle est ordonnée actuellement ou de revenir au contexte chronologique du verset. En tous cas des analyses plus poussées peuvent être réalisées sur ce point.
Note : seulement nous avons de légères erreurs au niveau des références, puisque la référence 18 est le verset 49 et non 48

Les houris sont "gonflées" 78/33.


Cela signifierait-il qu’elles sont obèses ? Ce serait triste pour les élus. Une conjecture apporte une solution : il faut sous–entendre "gonflées quant au seins", ce qui signifie qu’elles ont de gros seins. Les traducteurs, gênés par cette précision anatomique, traduisent "houri à la poitrine arrondie" [21]. Même cette expression plus décente choque certains. Une nouvelle conjecture vient résoudre la difficulté : comme les adolescentes ont tendance à avoir des seins en pommes, "seins gonflés" signifie "seins d’adolescentes". Sur cette hypothèse, "houri gonflée" est traduit le plus souvent par "houri adolescente" [22].
http://library.islamweb.net/newlibrary/display_book.php?idfrom=822&idto=822&bk_no=66&ID=900
وكواعب أترابا الكواعب جمع كاعبة : وهي الناهدة ، يقال : كعبت الجارية تكعب تكعيبا وكعوبا ، ونهدت تنهد نهودا ، والمراد أنهم نساء كواعب تكعبت ثديهن وتفلكت : أي صارت ثديهن كالكعب في صدورهن . 

قال الضحاك : الكواعب : العذارى . 

قال قيس بن عاصم : 


وكم من حصان قد حوينا كريمة وكم كاعب لم تدر ما البؤس معصر
وقال عمر بن أبي ربيعة : 


وكان مجني دون ما كنت أتقي     ثلاث شخوص كاعبات ومعصر 
والأتراب : الأقران في السن ، وقد تقدم تحقيقه في سورة البقرة . 

فإن الكواعب: صفة للنساء، ومعناها من تكعبت ثديهن أي صارت مثل الكعب ولم تتدل بسبب قوتهن ونضارة شبابهن. قال ابن الأثير: الكعاب: المرأة حين يبدو ثديها للنهود، وهي الكاعب، وجمعها كواعب، وأترابا أي على سن واحدة لا تختلف إحداهن عن الأخرى كبرا، كما في نساء الدنيا، لأنها لو اختلفت إحداهن عن الأخرى كبرا فربما تختل الموازنة بينهما، وربما تكون إحداهما محزونة إذا لم تساوي الأخرى، لكنهن أتراب، وكأسا دهاقا أي كأسا ممتلئة.

قال ابن جزي في تفسيره: وكواعب: جمع كاعب، وهي الجارية التي خرج ثديها، ـ أترابا ـ أي على سن واحد ـ وكأسا دهاقا ـ أي ملأى وقيل: صافية، والأول أشهر. اهـ.

وقال الدكتور حكمت بشير ياسين في كتابه الصحيح المسبور من التفسير بالمأثور: أخرج الطبري بسنده الحسن عن علي بن أبي طلحة عن ابن عباس وكواعب: ونواهد، وقوله: أترابا: مستويات، أخرج عبد الرزاق بسنده الصحيح عن قتادة: أترابا ـ سنا واحدا، أخرج الطبري بسنده الحسن عن علي بن أبي طلحة عن ابن عباس: دهاقا ـ ممتلئا، أخرج آدم بن أبي إياس بسنده الصحيح عن مجاهد: دهاقا ـ الملأى المتتابعة. اهـ.

Christophe Luxenberg a montré que le mot houri du Coran dérive de la racine araméenne hur, qui signifie grappe de raisin [23], ou vin par métonymie. Dans le paradis musulman, c’est le vin, non les filles, qui est "rouge comme le rubis, rouge comme le corail", et les filles n’ont pas de gros yeux blancs, mais les grappes de raisins ont de gros grains blancs. Ce ne sont pas les seins des filles qui sont gonflés, mais les grappes qui sont gonflées de suc. Le vin et la vigne étaient, pour les nazaréens, des symboles de la vie éternelle, d’où leur place éminente dans la description du paradis.

Nous arrêterons l'analyse de cet article ici pour l'instant, le suite est une interprétation raltive à une thèse qui sort du sujet de cet article. On pourra toutefois y revenir plus tard.

Pour mieux comprendre le tout, on peut consulter ce site qui explique un peu mieux les travaux de luxenberg, et on pourra également anlayser ses conclusions :
http://tunisdivagation.blogspot.com/2007/07/luxenberg-houris-raisins-ou-tricherie.html
http://blog.decouvrirlislam.net/Home/islam/coran/luxenberg-houris-raisins-ou-tricherie

Le mot "houri" est donné par la Tradition comme étant l'équivalent de "très belles femmes vierges aux grands yeux", qui seraient la rétribution réservée dans l'au-delà aux bons croyants. Il n'en est rien soutient Luxenberg, qui entend rétablir sa dignité au texte coranique sur ce point. Le mot est syro-araméen et signifie dans cette langue "blanc", "pur". Et comme le Coran était dépourvu de signes diacritiques, la Tradition s'est trompée dans le chakl (les signes diacritiques ajoutés) de ce passage.
Il fallait lire "rawadjnahoum" au lieu de "zawadjnahoum", le point sur le "Ra" ayant été faussement ajouté. De plus, en arabo-araméen, le "bi" signifie "parmi" ou "sous" et les signes diacritiques du mot 'ayn sont aussi mal ajoutés : il fallait lire - عنب - à la place de - عين- . Le texte devient alors : -  روجناهم بحور عنب, - alhouri 'inabine signifiant alors des raisins d'un blanc éclatant.
La traduction que propose Luxenberg est alors :
Nous les installerons confortablement sous des (raisins) blancs, (clairs) comme le cristal. »


Après avoir lu et analysé l'article de MIRAGE sur Tunisdivagation, son blog, qui semblait totalement logique, je me suis retrouvé dans l'obligation de vérifier les dires cités par MIRAGE et la j'ai enfin pu trouver un pdf du livre de Luxenberg : Lecture syro araméénne du coran et là il ne dit pas ce qu'on dit qu'il dit :)
ci joint le pdf en question :

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Le détail des arguments de Luxenberg est trop complexe pour être résumé ici est disponible en bas de la page.

 Retenons que sa recherche dans la grammaire et le vocabulaire araméen résout tous les problèmes de ces versets de façon simple, sans avoir à imaginer des interprétations par des allégories, ou par des hypothèses ad hoc sur ce qu’aurait pu être le dialecte de La Mecque ou l’arabe du paradis, ou encore par des explications qui prétendent que blanc signifie noir, ou par des sous entendu qui conduisent à dire que blanc signifie signifie jeune fille et gonflée adolescente.

Reste à savoir pourquoi les commentateurs musulmans ont choisi de partir de la racine perse, et imaginé des arguments très spécieux pour justifier ensuite des interprétations qui puissent être cohérentes avec ce premier choix. Cela donne l’impression qu’ils étaient des obsédés sexuels, préoccupés de ce dont parle le Coran dans leur interprétation, la virginité à répétition des filles du paradis, la taille de leurs seins, leur fidélité à celui des élus auquel elles étaient attribuées, etc, toutes choses fort peu dignes d’un livre sacré. En fait, ce choix était probablement fondé non sur la psychologie des commentateurs, mais sur la volonté d’occulter la présence des nazaréens, de leur langue et de la valeur symbolique qu’ils attachaient au vin et à la vigne. Le plus expédient était d’utiliser la tradition sur la nature du paradis, née parmi les judéo-chrétiens du premier siècle, et largement répandue au Proche Orient, jusqu’à aujourd’hui.

La conception du paradis à l’image des plaisirs de la terre n’a pas de contenu théologique, alors que les symboles du vin et de la vigne chez les nazaréens en ont un, décisif, car l’interdiction du vin sur la terre et sa présence au paradis signifie le rejet de l’Incarnation. Occulter le vin et la vigne du paradis, c’était occulter toute une théologie, alors que mettre en avant un paradis sensuel ne montrait qu’une conception populaire assez plate. C’est pourquoi il était important d’occulter le vin, même au prix d’une sexualisation du paradis, empruntée aux nazaréens certes, mais assez répandue dans cette région pour que l’origine nazaréenne ne soit pas évidente.
Quant à la date, l’interprétation sexuelle des houris est attestée par le hadith rapporté par Boukhari, vers 870, et par le commentaire de Tabari, en 896. Elle a donc été formée avant ces dates, durant la période où le Coran, la doctrine et l’histoire du premier islam étaient en période d’élaboration.

Cette interprétation est tardive, presque trois siècles après Mahomet, et ne peut être une simple erreur de grammairien, car elle recourt à trois éléments en apparence indépendants :
- Les points diacritiques et les voyelles, dont l’introduction et la standardisation ont été achevés vers 850.
- Le hadith de Boukhari, daté d’environ 870, qui donne un argument pour dire que blanc signifie noir.
- Les interprétations, fixées en 896, qui utilisent les possibilités mises en place par le choix des diacritiques et des voyelles, et celle fondée sur le hadith de Boukhari.
Ces trois éléments ne peuvent avoir convergé sans un projet et une volonté pour organiser la convergence. C’est une réinterprétation, de même nature et faite à la même époque que celles qui expliquent Médine par Madina ar rasul Allah, Mahomet par homme célèbre, et l’hégire par une fuite de La Mecque. Toutes masquent l’origine nazaréenne.





















jeudi 20 février 2014

La mecque

Antiquité et étymologie selon Wikipedia :
Pour une partie de la recherche, le géographe grec Ptolémée est le premier à la mentionner au iie siècle dans son ouvrage Ptolémée, Géographie VI, 7/ 31-372, Makoraba (ainsi que Lathrippa soit Yathrib).

En 1987, l'historienne Patricia Crone remet fortement en question cette antiquité documentaire dans la littérature gréco-romaine, pourtant très largement admise, arguant que cela pose d'insurmontables problèmes philologiques et historiques3.

Le nom d'origine sémitique, dérive peut-être de l'éthiopien mikrab - « le temple ».
Une autre origine serait le mekwarb qui signifie le « palais », le « lieu-sacré » ou la « synagogue », sans être antinomique du sens surbaissé pour désigner « le lieu du sanctuaire », Macoraba suggérant la présence d'une ressource en eau pérenne qui attire une population sédentaire et près de laquelle la Ka'ba est bâtie à une époque indéterminée7.

Selon Christoph Luxenberg, le nom de la ville proviendrait plutôt de la racine araméenne Makk désignant une dépression topographique, soit notamment et justement une « vallée ».
Dans les parties géographiques des puranas, on trouve La Mecque sous le nom de Makeshvara.
Pour le texte bouddiste, la pierre noire qui y est entreposée , est l’emblème du dieu Shiva.

La Mecque dans le Coran (extrait de Wikipédia)
Le nom la Mecque n'apparait qu'à deux reprises dans des passages tardifs du Coran sous la dénomination de Makka (48,24) et celui plus controversé de Bakka (9,96) dont la recherche considère généralement qu'ils puissent constituer des dérivatifs de noms plus anciens dont il existe peut-être des traces notamment chez Ptolémée, identification antique controversée3.

La sourate 9,96 mentionne : « Allah dit : « La première Maison qui ait été édifiée pour les gens, c'est bien celle de Bakka bénie et une bonne direction pour l'univers » ». L'exégèse traditionnelle du Coran (Tafsir), reprise par nombre de chercheurs contemporains, assimile également ce nom de Bakka à celui de Makka/La Mecque pour revendiquer une grande antiquité à la ville, en faisant de la sorte le premier centre cultuel du monde. Cette assimilation et l'interprétation du nom sont également débattues 10.
Selon certaines interprétations enfin, Bakka désignerait l’esplanade où la Kaaba fut construite, tandis que Makkah (pour « La Mecque » en arabe) désigne l’ensemble de la cité11. Enfin, al Haram signifiant « sacré », le territoire autour des deux villes saintes de La Mecque et de Médine se dit al-balad al-ḥarām, « le territoire sacré ».

سورة الفتح

سورة التوبة

L'histoire de la mecque (Wikipedia)
Fondation traditionnelle
On appelle généralement « Tradition musulmane » ou « islamique » « l'ensemble des textes produits ou enregistrés aux premiers siècles de l'islam »14.
Selon le Coran et les hadith, la ville aurait été fondée avant la période islamique par Ibrahim et Ismaël. Dieu renouvelant solennellement son alliance en leur faveur, convoque les hommes à « la Maison », al-bayta (يتيب), transposition directe du syro-araméen bayta (ܐܬܝܒ), pour qu’ils adoptent « pour lieu de prière, ce lieu où Abraham se tint » (s2/v 125).

Cette tradition coranique correspond au dogme religieux selon lequel la première « demeure (bayt) divine » terrestre a été créée par Abraham à La Mecque15, affirmation qui atteste de la polémique entre Mahomet et la communauté judaïque de Médine, ainsi dépossédée de la figure patriarcale fondatrice désormais islamisée16.

Les récits anciens transmis par la Tradition musulmane expliquent que c'est une source miraculeusement apparue grâce à une intervention divine qui est à l'origine de la ville. L'histoire rapportée par les Qisas al-anbiya, le Livres des Prophètes, rejoignant partiellement un récit de la Genèse17, explique que l'épouse d’Abraham (Ibrahim), Sarah (Śāra), exige de celui-ci qu'il exile sa concubine Agar (Hajar) et l'enfant qu'elle lui a donné, Ismaël (Ismāʿīl)18.

"Hagar and Ishmael"Frederick Goodall - 1866

Le patriarche s'exécute et, au terme d'une longue marche, abandonne son enfant et sa concubine à la providence divine dans une endroit inhabité, désertique et sauvage. Agar cherche âme qui vive entre les collines de Safâ et Marwah mais c'est à une intervention de l'ange Gabriel (Djibril) qu'elle doit son salut : celui-ci lui apparait et donne un coup de talon sur le sol d'où jaillit la source connue aujourd'hui sous le nom de Zamzam. La source attire bientôt des nuées d'oiseaux qui attirent à leur tour l'attention de la tribu de Jurhum à laquelle Agar donne accès à la source en échange de leur protection pour elle et son fils. Les membres de cette tribu, surnommée par l'historiographie musulmane les « Vrais Arabes », installent leur campement à cet endroit et sont considérés par celle-ci comme les premiers habitants de la Mecque18.

Ismaël, devenu un homme, prend pour épouse une Jurhum. Abraham vient le visiter une fois par an et au cours de l'un de ces séjours, reçoit l'injonction divine de construire le sanctuaire de la Kaaba. Les deux hommes se font aider par les Jurhum qui se convertissent alors au monothéisme du Patriarche19.
les empreintes des pieds d'Abraham à la Mecque.

La Mecque pré-islamique
L'histoire pré-islamique de La Mecque est assez obscure16. Dans les dernières décennies du xxe siècle, les vestiges antiques, médiévaux et modernes de la ville ont été détruits systématiquement et l'on ignore dès lors tout de son archéologie20. Son implantation ne doit rien à la route de l'encens sur laquelle elle ne se situe pas et son implantation sédentaire, à la différence de la plupart des villes de la région ne doit rien à une oasis. Cette singularité relevée par le Coran21 participe de son caractère sacré, préexistant à l'implantation de l'islam. La ville s'est probablement structurée dans cette région aride autour d'un point d'eau qui existe toujours et dont il reste trace d'une divinité protectrice. Il accueille à sa proximité et à une date indéterminée un bétyle - une « demeure (bayt) du dieu (el) » - qui fait l'objet d'un pèlerinage aux environs de l'équinoxe de printemps16.

Aux vie et viie siècles, la Mecque est un centre économique modeste au regard des grandes cités caravanières comme Palmyre et Pétra, ses ressources apparaissent limitées et on y souffre régulièrement de la faim14. Mais c'est un centre sanctuaire et cultuel polythéiste qui abrite la Kaaba et accueille des pèlerinages donnant lieu à de grands rassemblements, notamment au cours des trêves, coïncidant avec la tenue d'importantes foires22.

La recherche actuelle revient sur l'idée largement partagées jusque là selon laquelle la péninsule arabique aurait alors été essentiellement dominée par une société de type nomade et il semble que La Mecque elle-même vive davantage du commerce à longue distance, qui implique une implantation sédentaire dans un cadre urbanisé, proposant des services de type entrepôts, établissements financiers ou administratifs… C'est probablement la place prépondérante qu'occupent les nomades dans la poésie préislamique - l'un des fondements de l'identité arabe - qui aura fait longtemps surévaluer leur rôle.

Concernant La Mecque, il semble plutôt que les habitants aient pris les nomades à leur service, établissant de multiples réseaux d'alliances commerciales et religieuses23. D'autre part, l'importance ainsi que le poids commercial et économiques de la ville à cette époque ont été réévalués à la baisse depuis les travaux de Patricia Crone qui montre la limitation des ressources et la modestie relative de sa taille, dont on ne trouve pas pour cette période d'attestation dans la littérature non-musulmanes14. La Mecque semble néanmoins avoir été, avec Najran et Adan, une ville active de la région témoignant d'une relative sécurité et prospérité24.

La tradition musulmane présente une Arabie préislamique misérable et anarchique appelée l'« Âge de l'Ignorance », traduisant une période de crise, d'appauvrissement et de dérèglements qui a probablement existé mais réduite à quelques dizaines d'années avant l'hégire25. Des populations nouvelles auraient alors pris la place de populations plus anciennes, dispersées ou disparues. À La Mecque, c'est Qusay qui, ayant uni les différentes tribus qurayshites au début du vie siècle26, prend le contrôle de la ville, six générations avant Mahomet27.
À la veille de l'Islam, la ville est passée de la domination du clan Hashîm et de la tribu Quraysh au sein duquel Mahomet voit le jour à celle du clan Umayya28 qui a bénéficié du commerce caravanier renaissant29.
Sur un plan religieux, la tradition atteste du polythéisme mécquois des qurayshites dont le panthéon se compose d'idoles que l'on trouve dans l'enceinte sacrée - le Haram - dominées par le dieu ancestral Hubal, accompagné de Manaf, Isaf et Na'ila (le culte de Isaf et Na'ila) 30. S'y superposent les divinités de l’association cultuelle dite Hums qui unit les tribus d'Arabie occidentale au sanctuaire mécquois31, parmi lesquelles on compte Allâh32 - dieu qui a pour sanctuaire la Kaaba et donne la victoire à Quraysh lors de la « Campagne de l'Éléphant » - et les déesses Allât, al-Uzzâ et Manât, ces dernières n'ayant ni idole ni sanctuaire dans la ville30.

À l'époque de la naissance de Mahomet et à l'instar du paganisme arabe ancien, le polythéisme mécquois est en déclin et il semble que les principales références intellectuelles et culturelles de la région soient essentiellement juives et issues des différentes confessions chrétiennes, ce qu'atteste notamment la familiarité des auditeurs de Mahomet avec les récits bibliques33.
À côté de l'adoption de cultes monothéistes existants, on constate également une tendance à adapter les cultes anciens à l'exigence monothéiste, tout en conservant les formes ancestrales de la religiosité locale, une tendance dont relèvent plusieurs réformateurs religieux parmi lesquels Mahomet34.
Période pré-musulmane[modifier | modifier le code]
L'historien grec Diodorus Siculus (60 – 30 avant J.-C.), dans ses écrits «Bibliothèque Historique» décrit un lieu sacré pour tous les Arabes et hautement révéré (Les Musulmans pensent qu'il s'agit de La Kaaba à La Mecque)35.

Bien que la région autour de la Mecque soit complètement aride et déserte, selon la tradition musulmane, la cité était riche, et la plus riche parmi les tribus installées dans cette partie de l'Arabie, grâce au puits Zamzam, dont l'eau a toujours été abondante et à sa position géographique sur la route des grandes caravanes. Au ve siècle, les Quraychites auraient pris le contrôle de la Mecque pour devenir des marchands et commerçants très habiles. Jusqu'au début du viie siècle, le dieu principal de la mythologie arabe est Hubal36.

Toujours selon la tradition, La Mecque était une place commerciale importante sur la route reliant le Yémen à la Mésopotamie. Les Quraychites participèrent au commerce lucratif des épices au 6e siècle. La route des épices de plus en plus menacée sur mer (piraterie) s'était déplacée sur des voies terrestres plus sûres. La Mecque devint un centre de commerce proéminent surpassant les villes de Pétra (Jordanie) et Palmyre (Syrie)37.

Ce lieu d'échanges aurait été à l'origine d'alliances entre les marchands de la Mecque et les tribus nomades qui commerçaient par caravanes de chameaux avec des villes de Syrie et d'Irak auxquelles ils apportaient du cuir, du bétail et des métaux qu'ils tiraient des mines locales dans les montagnes. Des récits historiques confirment le passage des marchandises venant d'Afrique et d'Asie (médecines, tissus, épices, cuirs, esclaves) grâce à des accords commerciaux avec les Byzantins et les Bédouins qui rapportaient des céréales, du vin, des armes ensuite redistribués en Arabie38.

Selon la Sunna, c'était aussi une ville sacrée du paganisme arabe, la Kaaba étant vénérée pour les idoles qu'elle contenait, dont la Pierre noire. Les pèlerinages étaient l'occasion de rassemblement pacifique entre les clans nomades qui, le reste du temps, s'affrontaient fréquemment. Une fois par an avait lieu un pèlerinage qui rassemblait les tribus nomades afin de célébrer les différentes déités arabes. Cet événement permettait le développement des relations sociales et des foires. S'est créée ainsi une notion d'appartenance et d'identité qui a fait de la Mecque un endroit important dans la péninsule. À la fin du 6e siècle, le commerce de la Mecque était à son apogée et représentait le pouvoir principal qui liait les habitants de la péninsule arabique39.
Le royaume d'Axoum, conduit par le général éthiopien chrétien Abraha tente d'envahir La Mecque mais ses troupes sont décimées par la peste. Les tribus menacées craignant une nouvelle attaque font appel au roi perse Khosro Ier : l'intervention des sassanides en 575 fait échouer une nouvelle tentative d'invasion40.
Bien que Saoudite (un terme qui peut inclure les déserts à l'est d'Al-Shams) était d'une importance politique et ecclésiastique au vie siècle, il n'est pas fait mention des Quraychites ou du centre commercial de La Mecque en aucune façon, dans toute la littérature grecque et latine de l'époque.

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Extraits du site http://www.capucins.net/coran-aujourdhui
Une ville inconnue des géographes de l’Antiquité
Avant l’islam, aucun géographe de l’antiquité ne mentionne La Mecque, ni directement, ni indirectement, ni sous le nom de La Mecque, ni sous un nom même vaguement ressemblant.

Carte du monde selon les descriptions de Ptolémée dans le livre Géographie 6

Voici ce que dit Patricia Crone à ce sujet :
"L’importance politique et religieuse de l’Arabie au sixième siècle était telle qu’une attention considérable a été portée aux affaires arabes. Mais de Qurays et de leur centre de commerce (La Mecque) on ne trouve aucune mention, que ce soit en grec, en latin, en syriaque, en araméen, en copte, ou en une autre littérature composée en dehors de l’Arabie avant l’époque des conquêtes.

Ce silence est frappant et significatif. Il l’est tellement qu’on a essayé d’y remédier. Ainsi, on nous dit que Qurays est attesté indirectement dans (cette expression de) Pline : Dabanegoris regio [1] ; que Ptolémée [2] (Géographe grec du 2ième siècle) mentionne La Mecque sous le nom de Macoraba, une appellation qui est censée refléter le portus Mochorbae de Pline identifié comme Jedda.

Enfin, Ammien Marcellin mentionnerait la Mecque, cette fois sous le nom de Hiérapolis (qui signifie la ville sacrée) [3]. Toutes ces suggestions doivent être balayées d’emblée : Dabanegoris regio ne peut se construire comme Dhu Bani Quraysh, "la (région) appartenant aux Bani Quraysh, comme le propose von Wissmann. 
D’une part parce qu’une telle construction serait sudarabique plutôt qu’arabe – la langue qui devrait laisser ici sa trace. D’autre part parce que l’expression "Banu Quraysh" est impossible, Quraysh n’étant pas un nom patronymique : un groupe de Qoreychites se serait appelé Banu Fihr (Fihr est l’ancêtre des Qoreychites). 
Par dessus tout, Pline situe la région en question en Arabie du sud est, plus précisément quelque part entre Oman et l’Hadramaout [4] ; et la même chose est vraie du portus Mochorbae mentionné dans le même passage. Que ces lieux, explicitement identifiés comme sud-est arabiques aient été interprétés de travers comme des domaines de Quraysh en dit long sur l’effet d’aveuglement provoqué par La Mecque sur les facultés critiques d’universitaires normalement sérieux."

Précisons que 1.500 kilomètres séparent La Mecque de la région située entre Oman et Hadramaout. La carte du chapitre 18 indique cette localisation.

"Ainsi en va-t-il de l’identification de la Macoraba de Ptolémée avec La Mecque, qui est presque universellement acceptée. Elle fut d’abord avancée sur la base d’une vague similitude de nom et d’une localisation vaguement correcte (avec une erreur de "seulement" 1.500 kilomètres), Macoraba étant supposé reproduire un nom comme Makka-Rabba, la Grande Mecque. 
Mais cette construction n’est absolument pas plausible ; on l’a d’ailleurs abandonnée depuis au profit de makrab ou mikrab, qui signifie sanctuaire. 
Mais, d’abord, la racine kbr en arabe ne dénote pas de sainteté, à l’opposé du sud-arabique, de sorte qu’une fois de plus la langue qui laisse sa trace n’est pas celle qu’on attendrait. 
Ensuite, un nom composé des consonnes mkk ne peut pas dériver de la racine krb [5]. Il s’ensuit que Ptolémée a dû faire référence à une ville sainte, laquelle ne s’appelait pas La Mecque. Pourquoi alors identifier les deux ? Des tentatives de sauvetage de cette hypothèse, telle que mikrab Makka, "le sanctuaire de la Mecque," ne valent pas plus que Makka-Rabba, car ce dont nous aurions besoin clairement, c’est d’une terminaison féminine, puisque cette forme féminine a laissé sa trace dans la forme grecque du nom de la Mecque…Enfin, il n’y a évidemment pas de Makka chez Ammien Marcellin.

Il y a pire que l’absence de mention de La Mecque et des Qoreychites chez les auteurs antiques : pourquoi aller chercher La Mecque chez Pline et Ptolémée quand ce sont des auteurs comme Procope, Nonnosus et les auteurs ecclésiastiques syriaques qui auraient dû la mentionner ?...Il n’y a aucune mention de La Mecque pendant très longtemps ; les premières sources qui mentionnent le sanctuaire ne lui donnent pas de nom, tandis que la première source qui le nomme ne le situe pas en Arabie."

La première source qui nomme La Mecque est la Bible. Elle la situe en Syro-Palestine.
Dans la fameuse Charte de Médine, le nom de La Mecque n’apparaît pas : cette ville semble inconnue de Mahomet et de ses premiers compagnons.


[1] Pline l’ancien, Histoire naturelle, VI, 150.
[2] Ptolémée, Géographies, VII, 7, 32.
[3] Ammien Marcelin, Rerum Gestarum Libri, XXIII, 6, 47.
[4] Pline l’ancien, Histoire naturelle, VI, 149 à 154.
[5] An arabe, comme dans toutes les langues sémitiques, la majeure partie des racines sont composées de trois consonnes, les voyelles étant variables. Ces consonnes sont extrêmement stables. C’est pourquoi il est impossible de passer de krb à mkk. Il faut changer deux consonnes et changer en plus la place de la troisième. Il n’y a aucun exemple d’une telle évolution linguistique, non seulement en arabe, mais non plus dans aucune langue sémitique.





Le commerce mecquois
La ville était située dans une vallée stérile. D’après l’histoire califale, elle tirait sa subsistance du commerce international et des pèlerinages.
Le commerce allégué n’est mentionné que dans les documents califaux. S’agissant d’un commerce international, on devrait en parler aussi dans les pays de destination, ce qui n’est jamais le cas. De plus, à cette époque, le commerce à grande distance se faisait par mer. Dans la Rome de Dioclétien, à la fin du troisième siècle, le transport du blé était vingt-cinq fois moins cher par mer que par terre [2]. De La Mecque à la Syrie, sur 1.300 kilomètres de terre, le transport aurait été ruineux. Le commerce terrestre à grande distance était économiquement impraticable depuis des siècles à l’époque de Mahomet.
Les traditions sunnites mentionnent occasionnellement un port de La Mecque, Suayba ou Suaybiyah, mais on n’en trouve aucune trace dans aucun document, pas même sous un nom vaguement ressemblant. De toute façon les traditions parlent le plus souvent d’un commerce caravanier.

Les caravanes n’avaient aucune raison de passer par La Mecque. Elles ne pouvaient s’y ravitailler, car il ne pousse rien dans cette région. Les Mecquois sont d’ailleurs supposés vivre exclusivement d’importation. Ce n’est pas non plus un carrefour de routes caravanières, et en particulier, la route de l’encens, d’ailleurs empruntée pour un commerce purement local, passait à 160 kilomètres de là [3], alors que l’encens est supposé être un des produits dont La Mecque faisait commerce.

Les traditions califales font état d’encens, d’épices, d’or et d’argent. Cependant, l’encens et les épices ont été exportés par caravanes à grande distance seulement jusqu’au milieu du second siècle de notre ère. Ensuite, le transit a été exclusivement maritime, et l’on ne trouve aucune attestation de caravane d’encens ou d’épices plus d’un demi millénaire avant l’islam.

Les exportations d’or et d’argent sont mentionnées dans les traditions sunnites comme faisant vivre La Mecque, mais on ne trouve trace ni de mines dans la région, ni de ce commerce dans les documents des pays supposés être les destinataires, les empires romain, puis byzantin et perse.

Le cuir, les vêtements, les chameaux et les ânes, le beurre et le fromage sont également mentionnés. Tous ces produits sont de faible valeur par unité de poids, et leur transport à longue distance, par un procédé aussi coûteux que la caravane, est économiquement impossible. De plus, tous ces produits peuvent être trouvés en Syrie, beaucoup plus proche des Empires romain ou perse. Les Romains ou les Perses ne peuvent les avoir importés de la Mecque, puisqu’à la Mecque il ne pousse rien. Pour transiter par la Mecque, ils devaient donc provenir du sud de cette ville, au Yémen, à 2.500 kilomètres de distance. Il n’y a aucune vraisemblance à transporter par un procédé ruineux, sur 2.500 kilomètres, des produits disponibles en Syrie.

Enfin, ce commerce international n’est mentionné dans aucun document que ce soit grec, latin, copte, araméen ou syriaque. Ce commerce, que ce soit sous le nom de La Mecque, des Mecquois, ou des Qoreychites, est aussi inconnu que la ville.


Une évaluation économique des pèlerinages mecquois
D’après les traditions sunnites, ces pèlerinages seraient, à côté du commerce, la seconde ressource qui permettait aux Mecquois de vivre. Les données chiffrées étant très rares dans les documents musulmans, il est difficile d’analyser la vraisemblance de cette assertion. Toutefois une analyse, même partielle, vaut beaucoup mieux que rien, car elle permet de connaître les ordres de grandeur.

La première question porte sur la population de La Mecque dans les années 600 et suivantes.
Aucun document islamique ne l’indique. Il est cependant possible de s’appuyer sur des sources musulmanes pour faire une évaluation de la taille de la population alléguée. Les Mecquois, d’après les traditions califales, avaient envoyé 1.000 des leurs combattre à Badr. Compte tenu des femmes, vieillards et enfants, une ville capable de lever une armée de 1.000 guerriers devait avoir au moins 4.000 habitants.

La seconde question est le nombre de pèlerins nécessaires pour faire vivre un habitant.
Les services offerts relèvent de l’hôtellerie, comme pour les touristes aujourd’hui. Or les services aux personnes, dans ce cas la préparation des repas et la l’entretien d’une chambre, ont beaucoup moins évolué que la production d’objets matériels. Les chiffres d’aujourd’hui peuvent donner une première idée. Quand il s’agit de tourisme de luxe, il faut aujourd’hui trois touristes pendant une journée pour faire vivre un prestataire de service pendant une journée. Quand il s’agit de tourisme de masse, il en faut dix.
Au septième siècle en Arabie, ces chiffres doivent être largement majorés : les pèlerins faisaient le voyage à dos de chameau, en emportant avec eux leur nourriture, et en dormant pour les plus riches dans une tente montée chaque soir par leurs esclaves, et pour les plus nombreux à même le sol, enroulés dans leur manteau. Ils n’avaient pas de raison d’agir autrement une fois arrivé dans la bourgade de la Mecque, et laissaient probablement très peu d’argent entre les mains de Mecquois. C’était, dans l’Arabie pauvre des sixième et septième siècles, un tourisme encore plus économique que le tourisme de masse aujourd’hui : le chiffre de dix pèlerins pour un prestataire de service est certainement inférieur à la réalité de l’époque.

La troisième question est celle de la durée du séjour à La Mecque.
Le pèlerinage lui même durait trois jours, mais beaucoup de pèlerins apportaient avec eux quelques marchandises, et faisait des échanges avec les autres. Pour compter large, prenons une dizaine de jours au total.
Même en prenant un chiffre sous évalué, dix pèlerins par habitant et par jour, il fallait 3.600 journées de pèlerins dans l’année pour faire vivre un Mecquois pendant un an. Si les pèlerins passaient dix jours, cela fait 360 pèlerins par Mecquois. Pour 4.000 Mecquois, cela fait un million et demi de pèlerins, beaucoup plus que la population adulte de l’Arabie à cette époque. Et il faudrait croire qu’un mouvement aussi énorme n’aurait laissé aucune trace écrite dans l’Arabie préislamique ! Cela fait aussi une concentration massive de population : 360 pèlerins se succédant, par périodes de dix jours, pendant les 2 mois où la trêve des pillages rendait les pèlerinages et le commerce possible, cela fait en permanence 60 pèlerins par Mecquois, soit 240.000 personnes simultanément, d’où un problème soit de transport des aliments, soit de conservation. Ou bien les aliments étaient amenés à la Mecque pour y être consommés aussitôt, et cela fait un problème de transport, en particulier pour l’eau. Dans ce climat, il faut 10 litres d’eau par jour, soit 2.400 tonnes quotidiennes. Ou bien ils étaient amenés régulièrement tout le long de l’année. Il y a alors un problème de stockage, 144.000 tonnes d’eau à stocker. Dans des cruches ? Il faut encore ajouter la préparation et la vente des aliments par un Mecquois pour 60 pèlerins en moyenne chaque jour. Il est évident que rien de cela n’a de fondement économique crédible.
Ainsi, même en prenant des hypothèses très favorables, la vie économique de La Mecque fondée sur le tourisme religieux n’a pas plus de vraisemblance que son commerce.

Le commerce des pèlerins à La Mecque
Les sources musulmanes excluent formellement un tel commerce : les pèlerins échangeaient dans les harams voisins de La Mecque, à Ukâz, Dhûl-Majâs et Majanna,, mais non à La Mecque elle même, ni dans les deux autres harams voisins, à Minâ ou à Arafa [4].

La Mecque primitive lors des guerres civiles
Au cours de la première guerre civile, de 656 à 661, et au cours de la seconde, de 683 à 685, des voyageurs se rendirent de Yathrib en Irak en passant par la Mecque [5]. C’est un trajet normal si la Mecque en question se trouvait dans le nord, en Syrie en Palestine ou en Jordanie, mais aberrant s’il s’agit de la Mecque actuelle, dans le Hedjaz : en allant vers le nord on ne peut faire étape dans une ville située à 300 kilomètres au sud du point de départ : il devait exister au début de l’islam une autre Mecque, située dans le nord du domaine arabe.
De fait, il existait en Syrie une ville nommée La Mecque. Elle est citée dans la Bible [6]. Sa position est indiquée sur la carte de la page "Le changement de qibla".

Christoph Luxenberg a montré que le nom de La Mecque, qui dérive de la racine mkk n’est pas arabe, et n’a aucune signification en arabe. Par contre, en araméen, cette racine signifie dépression topographique, notamment vallée [7]. Dès lors qu’elle porte un nom araméen, La Mecque primitive a été fondée par des Araméens. Cela ne fait pas de difficulté pour une Mecque située dans le nord, mais cela en fait une pour celle du Hedjaz : il n’y a jamais eu d’Araméens dans la province du Hedjaz, en Arabie centrale. La Mecque du Hedjaz ne peut avoir été fondée, comme le dit l’histoire califale, longtemps avant Mahomet, par des autochtones.

Le changement de La qibla

La quibla est la direction vers laquelle se tournent les musulmans pour fait la prière. Ce fut d’abord vers Jérusalem, la direction de la prière pour les juifs et pour les nazaréens. Ces derniers voyaient en Jérusalem le centre du monde, et les mahgrâyês de Mahomet ont fait de même, et priaient en direction de Jérusalem.
Quand l’islam a remplacé le nazaréisme, la direction de La Mecque devint nécessaire : elle renforçait le caractère arabe de la nouvelle religion et contribuait à effacer le souvenir des nazaréens. La mémoire de la première qibla était cependant trop ancrée pour qu’on puisse l’effacer. La seule possibilité était de la remplacer, et d’inventer une raison islamique pour l’avoir choisie durant un temps.

Cette raison est présentée dans le Coran, dans la biographie de Mahomet d’Ibn Hichâm et dans les hadiths. Une nuit, l’ange Gabriel vint trouver Mahomet pendant son sommeil. Il entra dans la chambre en pratiquant un trou dans le toit, et ordonna à Mahomet d’enfourcher une monture de taille intermédiaire entre l’âne et la mule. La monture avait une tête de femme et s’appelait Bourak [1].

La monture apportée par Gabriel avait des ailes et, à une vitesse fabuleuse, elle emmena Mahomet de La Mecque, où il était censé habiter, à Jérusalem, où il pria dans le Temple, fait étrange : en effet, avant l’Hégire, donc avant 622, quand Mahomet est dit avoir effectué ce voyage, le Temple d’Hérode avait été détruit lors de la prise de Jérusalem par Titus, en 70, et les temples cubiques rebâtis par les émigrés après le succès de Gaza, en 634 n’étaient pas encore construits, et moins encore le Dôme du Roc bâti en 691. Mais quand Mahomet arriva sur l’Esplanade, il y trouva un temple. Lequel ?

Après avoir prié, Mahomet se rendit au Paradis, approcha Allah de si près qu’il l’entendit faire grincer sa plume d’oie sur le parchemin en écrivant lui-même ses décrets. Puis Mahomet revint à Jérusalem, reprit l’animal volant, retourna à La Mecque, se mit au lit et s’endormit. Gabriel reboucha le trou dans le toit de si merveilleuse façon que le lendemain personne n’en vit la moindre trace.

Ce voyage fit de Jérusalem une ville sacrée pour les musulmans, la troisième en importance après La Mecque et Médine, d’où une explication de la première direction de la prière.

En dehors de son caractère fantastique, cette histoire présente des défauts de logique : si La Mecque est plus sacrée que Jérusalem, elle aurait dû être la qibla depuis l’origine. Si le "voyage nocturne" – expression califale – était une raison suffisante pour choisir Jérusalem, on se demande pourquoi cette raison a cessé un jour d’être suffisante. De même, Médine, plus sacrée que Jérusalem, mais moins que La Mecque, n’a jamais eu l’honneur d’une qibla.

La date du changement de qibla apporte d’autres informations. L’échec de la théologie messianique a été reconnu vers 645 ou 650, puisque c’est à cette date que se placent les six changements caractéristiques détaillés page "la naissance de l’islam", au paragraphe "La rupture" et c’est donc après cette date que le changement de qibla est intervenu. Si vous voulez voir cette page, cliquez ici
En fait le changement ne fut généralisé que bien plus tard, plusieurs éléments en font foi. Le premier est un texte de Jacques d’Edesse montrant que le changement de qibla, en 660, n’était réalisé ni à Alexandrie, ni en Babylonie, plus d’un quart de siècle après la mort de Mahomet. En voyage, à cette date, il écrit [2] :

"Ce n’est pas vers le sud que prient les juifs ; et non plus les mahgrâyê. Les juifs qui vivent en Egypte, de même que les mahgrâyê là, comme je le vis de mes propres yeux et veux vous l’exposer maintenant, prient vers l’Est, et ces deux peuples continuent à faire ainsi : les juifs vers Jérusalem et les mahgrâyês vers la Ka’ ba. Et les juifs qui sont au sud de Jérusalem prient vers le nord ; et ceux qui sont en Babylonie et en nhrt et en bwsrt prient vers l’est. Et de même les mahgrâyês qui sont là prient vers l’Ouest, vers la Ka’ba ; et ceux qui sont au sud de la Ka’ba prient vers le nord, vers ce lieu."

Jacques d’Edesse parle de la Ka’ba, terme générique qui signifie cube en arabe. Le Débir, qui renfermait le Saint des Saints dans le Temple d’Hérode était cubique, et c’est à l’image de ce cube que les premiers émigrés ont reconstruit le Temple. La première Ka’ba était le Débir de Jérusalem, et c’est à son image que la Ka’ba de la Mecque a ensuite été construite. Les musulmans savent que Ka’ba n’est pas le nom particulier du temple de la Mecque, mais un terme générique qui signifie cube, et désigne tout temple de cette forme, lesquels étaient assez répandus dans l’antiquité [3] :
"Le nom de Ka’ba vient de la forme à peu près cubique de ce sanctuaire. Le mot servait d’ailleurs, jadis, à désigner certains sanctuaires de même forme."

Il n’est donc pas surprenant que Jérusalem puisse contenir une Ka’ba. Celle-ci imitait le Débir détruit par Titus, et la Ka’ba de la Mecque a fait de même.

Certains érudits musulmans qui connaissent le texte de Jacques d’Edesse disent qu’il n’était pas un géomètre soucieux de précision. Certes, Jérusalem est bien à l’est d’Alexandrie, mais la Mecque est au sud-est, les deux directions forment un angle de 35°. Jacques d’Edesse aurait dit est pour sud-est. Cependant, sa phrase indique que les mahgrâyês – qui ne s’appelaient pas encore musulmans ni même muhâjirûn en 660– prient dans la même direction que les juifs, qui, eux, prient plein est.

L’argument du manque de précision est faible quand on l’applique à Alexandrie, et n’a plus aucune valeur pour la Babylonie, car dans ce pays, Jérusalem est plein ouest, et la Mecque plein sud [4]. Il n’est pas possible de confondre ces deux directions, si peu précis que l’on soit. De plus, Jacques d’Edesse mentionne "ceux qui sont au sud de la Ka’ba". Si la K’aba était à la Mecque, "ceux qui sont au sud de la Ka’ba " seraient les Yéménites, dont Jacques d’Edesse ne sait rien, car il n’a jamais été au Yémen. Au contraire, si la Ka’ba était à Jérusalem, "ceux qui sont au sud de la Ka’ba" seraient les habitants du Néguev, territoire que Jacques d’Edesse a traversé lors de son voyage à Alexandrie.

Un second indice de la date tardive de la généralisation du changement de qibla vient des inscriptions sur le Dôme du Roc. Il est bâti au dessus du rocher où la tradition dit qu’Abraham a accepté d’immoler son fils. Le pavement de marbre de cette mosquée est interrompu au centre du bâtiment, sous le dôme, et laisse affleurer le rocher. D’après la tradition califale sa monture a laissé Mahomet sur l’esplanade, en cet endroit, et, prenant appui sur le rocher, Mahomet aurait bondi jusque dans le paradis. La preuve de ce fait, toujours d’après la tradition califale, est que le pied de Mahomet a laissé sur le rocher une empreinte que l’on peut voir encore aujourd’hui. Or, on peut constater qu’aucune inscription ne fait mention de ce voyage nocturne, ni sur les parois de la moquée, ni sur le pourtour du dôme. Si la légende du voyage nocturne avait existé en 691, lors de la construction de cette mosquée, elle aurait été mentionnée dans les inscriptions. La légende est donc nécessairement postérieure à 691. Cette légende, expliquant la première qibla, était nécessaire lorsque la seconde qibla a été imposée, et que certains se sont demandé pourquoi la première qibla avait existé pour un temps. Le changement vers la seconde qibla n’a pu être généralisé que lorsque la première qibla a été expliquée, donc après 691 : il a été très tardif, bien après la mort de Mahomet.
La raison de la date tardive est sans doute qu’il ne suffisait pas de prendre acte de l’échec de la théologie messianique des nazaréens, il fallait encore en construire une autre.
Quand, probablement au début du huitième siècle, les califes Omeyyades ont voulu généraliser le changement de qibla, ils ont raconté que Mahomet l’avait déjà fait, et qu’ils rendaient universelle une mesure déjà prise par le prophète sur l’ordre d’Allah. D’après la date de ce changement, il s’avère que Mahomet n’y fut pour rien.
Nous touchons du doigt le troisième bénéfice tiré de la reconstruction : faire couvrir par le précédent de Mahomet agissant sur l’ordre d’Allah des actes que l’autorité des califes ne suffisaient pas à imposer.


[1] Quand les Arabo-musulmans envahirent l’Espagne, et parlèrent de Bourak aux Espagnols, ceux-ci en tirèrent le mot burro, qui signifie âne, dont nous avons tiré bourrique et bourricot. Ce mot, en effet, n’a pas de racine en indo-européen. Le mot latin est asinus, dont nous avons fait âne.
[2] Patricia Crone et Michael Cook, opus cit.
[3] Encyclopédie de l’islam, article Ka’ba.
[4] La position de Bagdad, proche de ce qui fut la Babylonie, est indiquée sur la carte du chapitre 18.

La Mecque et la pêche
Le Coran mentionne deux fois la Ka’ba, et la tradition califale déclare que ces deux mentions concernent la Ka’ba de la Mecque. Ces mentions introduisent une difficulté majeure : elles se trouvent dans la sourate 5, versets 95 et 97. Ces deux versets encadrent le verset 96, qui autorise le gibier de mer. Il n’y a aucune raison de parler du gibier de mer à propos de la Ka’ba si celle-ci se trouve à la Mecque du Hedjaz, car, faute de bois pour construire des barques, il n’y a pas de pêcheurs dans cette région, à plusieurs centaines de kilomètres à la ronde. Le bois y est si rare que pour expliquer comment les Mecquois avaient réparé la Ka’ba, la tradition califale raconte qu’un navire byzantin avait été jeté sur la côte par une tempête, et que les Mecquois avaient récupéré ses débris pour construire la charpente du toit de la Ka’ba.

La première Ka’ba et la première Mecque
Le terme Ka’ba est générique et désigne un temple cubique. Or, à côté d’Homs, dans la Syrie actuelle, dans une région que la toponymie indique comme ayant été peuplée de nazaréens, il existe un Abil Bet Ma’aqa mentionnée dans la Bible [8]. Cette mention indique qu’Abil Bet Ma’aqa existait onze siècles avant notre ère. Abil Bet Ma’aqa, signifie cours d’eau de la maison ou du temple de la Mecque. Cette Mecque là, située en Syrie, est différente de la Mecque du Hedjaz dont parle l’islam.
Entre la Mecque de Syrie et la mer, il y a des montagnes couvertes de forêt, ce qui permet de construire des barques de pêche. De plus, tout près d’Abil bet Maa’aqa, se trouve un mont nommé Abu Qubays, et ce nom a été donné à une éminence proche de la Mecque. Cela fait beaucoup de coïncidences.
La Mecque du Hedjaz a été fabriquée et nommée pour effacer le souvenir d’une Mecque syrienne où se trouvait un temple sacré pour les nazaréens. Le souvenir du lieu, de son caractère sacré, de son temple se trouve dans les versets cités du Coran, et sans doute aussi dans des traditions orales présentes à l’époque et perdues aujourd’hui : ces traditions orales devaient faire état de la colline Abu Qubays, car, sans de telles traditions, il aurait été sans objet d’imiter au voisinage de la Mecque du Hedjaz le nom d’un mont proche de la Mecque de Syrie. Comme pour le nom de Médine, faute de pouvoir le faire disparaître, il était possible de le réinterpréter de façon telle que la nouvelle interprétation ne fasse pas resurgir le souvenir des nazaréens.
La Ka’ba du Coran est très probablement celle d’Abil Bet Ma’aqa, et La Mecque initiale celle de la Bible.

La date de la construction de la Mecque du Hedjaz
Dans le pèlerinage préislamique des cinq haram, proches du site où est bâtie aujourd’hui La Mecque, la première station était Arafa, où débutaient les dévotions. Les pèlerins se rendaient ensuite à Ukâz, Dhûl-Majâs et Majanna, puis terminaient à Minâ, où avaient lieu les sacrifices, où les pèlerins se rasaient la tête, et où ils abandonnaient l’irhâm, l’état de sacralisation qui imposait diverses restrictions durant le pèlerinage. Cet abandon marquait la fin du rite. Les pèlerins se rendaient pendant les deux mois sacrés à ces stations. Les opérations de pillage et de guerre étaient alors proscrites et les pèlerins profitaient de ce rassemblement pour commercer. Le territoire de ces cinq stations était libre et inhabité ; les nomades pèlerins plantaient leurs tentes où ils voulaient.
Ce fut Omar qui, avant de devenir calife, proposa de transformer cet antique pèlerinage en institution islamique [1]. Un verset du Coran vint opportunément confirmer sa proposition [2]. A dater d’Omar, le pèlerinage commença à La Mecque, qui ne s’appelait pas encore La Mecque, mais la station d’Abraham, avant de continuer à Arafa pour le début rituel, de se terminer à Minâ pour les rites de conclusion, suivi d’un retour au lieu qui est devenu celui de La Mecque. Le passage en ce lieu avant le début et après la fin du pèlerinage est ainsi un ajout à une institution antérieure à l’islam. Hisham rapporte, d’après Kalbi  [3] :
"Les gens allaient en pèlerinage, puis se dispersaient, de sorte que La Mecque restait vide, personne n’y habitant."
Ainsi, à cette époque, au début de l’islam, La Mecque n’était pas une ville permanente, mais un lieu où se rassemblaient les pèlerins, pendant la période du pèlerinage, et qui restait déserte le reste de l’année.
Muawiya, calife de 661 à 680, effectua de très importantes constructions sur le site de La Mecque. Elles déclenchèrent une tempête de protestations [4]. Les musulmans voulaient que ce lieu reste comme il était, semblable aux autres stations du pèlerinage, les cinq haram.
Puisque les musulmans protestataires voulaient que la Mecque demeurât semblable aux stations pour y planter leurs tentes à leur gré, et que La Mecque était déserte après leur départ, c’est que la proposition d’Omar avait ajouté un sixième haram, aussi désert et inhabité que les cinq autres. Si les constructions de Muawiyah avaient simplement agrandi une ville existante, il n’y aurait pas eu de protestation : il y a suffisamment de kilomètres carrés de désert en Arabie. Les protestations signifient que le lieu précis du nouveau haram de La Mecque devenait une ville.
Ainsi, l’emplacement de La Mecque est devenu un lieu inhabité mais sacré vers 630. Il faut noter qu’à cette date, au moment où Omar a proposé de faire un lieu de pèlerinage en partant du site actuel de la Mecque, la rupture entre nazaréens et Arabes n’était pas intervenue. Il n’y avait donc aucune raison de vouloir remplacer la Mecque syrienne des nazaréens par une Mecque arabe du Hedjaz. C’est bien ce que l’on voit dans les textes : à l’époque où Omar a fait sa proposition, ce lieu s’appelait la station d’Abraham et non La Mecque. On voyait pointer la demande des Arabes de donner un caractère plus ethniquement arabe à une religion dont la majorité des adeptes étaient arabes, mais il n’y avait à ce moment aucune tentative d’éliminer les nazaréens.
Quarante ans plus tard, vers 670, vingt ans après la rupture, une ville portant le nom de La Mecque a été construite par Muawiyah au lieu dit la station d’Abraham. Le nom de La Mecque, qui apparaît pour la première fois à cette date, et plus encore celui du mont Abu Qubays, manifestent la volonté d’occulter la présence initiale des nazaréens. Cependant, à cette dernière date, les deux Mecque coexistaient dans les traditions, celle de Syrie et celle du Hedjaz, puisque Muawiyah, premier constructeur de la Mecque du Hedjaz, est mort en 680, alors que lors de la seconde guerre civile, de 683 à 685, des voyageurs connaissaient toujours la Mecque de Syrie. Les raisons qui ont conduit les califes à vouloir occulter la Mecque des nazaréens relèvent probablement de traditions aujourd’hui disparues. Au moment de la construction de la Mecque du Hedjaz, cette ville n’était toujours pas le lieu de naissance allégué de Mahomet, car celui-ci n’était toujours pas considéré comme un prophète, et n’avait donc nul besoin d’être né dans l’Arabie profonde.
Vers 690, d’après les inscriptions du Dôme du Roc, le caractère prophétique de Mahomet est allégué pour la première fois. Une nouvelle origine est donnée aux textes sacrés, qui permet d’effacer le souvenir des nazaréens. C’est sans doute à ce moment que la Mecque est devenu le lieu de naissance allégué de Mahomet, afin que la nouvelle religion, qui commençait tout juste à être nommée islam, puisse avoir une origine arabe.


[1] Suyûtî, Itqân, d’après Boukhari et d’autres ensembles classiques de hadiths.
[2] Sourate 2, verset 125.
[3] Patricia Crone, opus cit.
[4] M.J. Kister, Some Report Concerning Mecca from Jâhiliyya to Islam, Journal of the Economic and Social History of the Orient, 16, 1972.

La Ka’ba de La Mecque.
Ka’ba signifiait sanctuaire en araméen. C’est pourquoi Jacques d’Edesse avait écrit, en 660, que les émigrés, les mahgrâyês, priaient vers une Ka’ba qui se trouvait à l’est d’Alexandrie, à l’ouest de la Babylonie, au nord du Néguev qu’il avait traversé pour aller en Egypte. C’est à Jérusalem qu’elle se trouve.
La Ka’ba de La Mecque reproduit le modèle du Débir, en plus petit, car le Débir avait 50 mètres de côté, et la Ka’ba de La Mecque 18 seulement, sans être d’ailleurs, malgré son nom, un cube exact. Elle a du être construite vers 670, car en 660 les Mahgrâyês priaient encore vers Jérusalem, et une attestation historique indique que la Ka’ba de La Mecque a brûlé en 683, lors de la guerre civile menée par l’anti-calife Abdullah Ibn al-Zubayr. A cette époque, c’était donc un bâtiment en bois. Elle fut reconstruite en forme semi-circulaire. En 692, le général Hajjâj prit La Mecque pour le compte du calife Abd al-Malik. Il fit démolir la Ka’ba de l’anti-calife et en reconstruisit une cubique.
L’emplacement a été choisi par des gens qui n’avaient visiblement jamais habité cette région, car ils ont construit la Ka’ba au centre de la vallée. Les pluies y sont extrêmement rares, mais il s’en produit parfois de diluviennes, qui font naître pour quelques heures un torrent violent, lequel dévaste le fond de la vallée. La Ka’ba est si mal située qu’elle fut plusieurs fois ravagée, pour être finalement détruite en 1620. Elle fut reconstruite en 1631 en gros blocs, avec une garde de pierre au bas du mur pour la protéger des inondations. Les musulmans qui aujourd’hui font le pèlerinage de La Mecque s’imaginent voir une construction édifiée par Abraham, il y a quatre mille ans. Celle qu’ils voient n’en a pas quatre cents.

La raison de la création de La Mecque du Hedjaz
La Mecque du Hedjaz a d’abord été créée pour occulter La Mecque nazaréenne, donnant ainsi à l’islam une origine arabe, capable d’utiliser la force des sentiments ethniques. Ensuite, quand Mahomet a été considéré comme un prophète, la Mecque du Hedjaz lui a été attribuée comme lieu de naissance, toujours dans le même but. Et finalement, elle a été utilisée pour faire de l’Exode une histoire purement arabe. Les califes ont agi comme les personnages de Jules Romains dans sa pièce Donogo Tonka. Un géographe a par erreur indiqué l’existence d’une ville de ce nom. Il fonde la ville afin que la réalité soit conforme à ce qu’il a écrit.

[1] Patricia Crone, Meccan trade and the rise of islam, Gorgias press, Piscataway, Etats unis, 2004.
[2] Comparaison d’un trajet maritime de 2000 kilomètres, d’Alexandrie à Rome, et d’un transport par terre de 80 kilomètres. Voir Patricia Crone, opus cit..
[3] W.W. Müller, Weihrauch. Ein arabisches Product und seine Bedeutung in der Antike. Tiré à part de Paula-Wissowa, Realencyclopädie, Supplementband 15. Munich, 1978. N. Groom, Frankincense and Myrrh, a Study of the Arabian Incense Trade, Londres 1981.
[4] Patricia Crone, opus cit.
[5] J. van Ess, Frühe Mu’tazilitische Häresiographie, Beyrouth, 1871. Muhammad b. Ahmad al-Dhalabi, Tarikh al-islam, Le Caire, 1367-69, vol II.
[6] 2 Samuel, 10, 8.
[7] Christoph Luxenberg, opus cit.
[8] 2 Samuel, 10, 8.

Les Scribes du Coran : Etaient il à la mecque.
Les scribes du Coran

L’écriture arabe a été créée à partir du nabatéen [4] et du syriaque [5], par des moines chrétiens, à Ambar, sur la rive gauche de l’Euphrate, à une soixantaine de kilomètres de Bagdad, vers l’an 400, environ deux siècles et demi avant l’islam. Les créateurs de cet alphabet étaient des Chaldéens, descendants des Babyloniens, une ethnie non arabe, parlant une variante de l’araméen. Ils ont mis leur talent et leur science au service de la langue arabe parlée par les tribus arabes, essentiellement les Lakhms, qui nomadisaient sur leur territoire. Cette écriture est passée ensuite à Hîra, sur la rive droite, d’où elle s’est progressivement répandue dans la partie nord du Proche-Orient, où nomadisaient d’autres tribus arabes, puis en Jordanie et Syrie. La première inscription arabe, dans une écriture nommée coufique, bien que la ville de Kûfa ait été fondée longtemps après la date des premières inscriptions, date du quatrième siècle, et se trouve dans le sud de la Jordanie. Elle est unique pour ce siècle. On n’en a retrouvé aucune datant du cinquième siècle. Au sixième siècle, les inscriptions se multiplient, d’abord dans le nord de la Jordanie et le nord-ouest de la Syrie, puis dans le reste de la Syrie, la Jordanie, la Palestine et le Néguev. L’écriture arabe y était connue et pratiquée au début de l’islam, au 7ième siècle.
Il existait un royaume arabe, celui des Ghassâns, qui couvrait la Jordanie et une partie de l’ouest de la Syrie. Ces Arabes étaient chrétiens, alliés plus ou moins fidèles des Byzantins. Au sixième siècle, la totalité des inscriptions ne se trouve que dans ce royaume, sur ses marges, et dans les monastères de Hîra en Mésopotamie.
En ce même sixième siècle, et aussi au début du septième, les épigraphes n’ont trouvé aucune inscription dans le Hedjâz, la région qui entoure la Mecque, ni en aucun autre lieu de l’Arabie centrale, ni en arabe, ni en une autre langue. Les toutes premières, extrêmement rares, sont datées l’une de 20 ans après la mort de Mahomet, l’autre de 40 ans, puis de 60. Il faut un bon siècle avant qu’elles ne se multiplient [6].
Les scribes du Coran, selon l’histoire califale, étaient des gens pauvres, car le parchemin, vieux alors de deux mille ans, était passé dans l’usage courant huit siècles avant l’islam, mais n’était pas à la portée de leur bourse. Mahomet, toujours selon l’histoire califale, s’intéressait si peu au destin de ses discours qu’il n’a pas jugé utile de fournir du parchemin ou du papyrus aux auditeurs qui prenaient des notes. Pourtant, il est dit avoir été, à la Mecque, l’époux d’une commerçante aisée, et, à Yathrib, il avait les moyens de financer des armées. Il était donc assez riche pour payer du matériel de copie. Il ne l’a pas fait, ni à la Mecque, ni à Yathrib, d’où l’usage des pierres plates, des ossements de chameaux ou d’âne, des stipes de palmier.
Ce sont des gens sans moyens, des fans dirait-on aujourd’hui, qui ont pris ces notes, à titre privé. Bien que pauvres, ils savaient lire et écrire l’arabe. Les régions où des gens pauvres savaient lire et écrire l’arabe sont connues par l’histoire de l’écriture arabe et par l’épigraphie. Les scribes qui, selon l’histoire califale, auraient pris en note les discours de Mahomet pendant les dix premières années de l’islam sont supposés avoir vécu à la Mecque, dans le Hedjâz, au centre de l’Arabie. Les spécialistes s’accordent sur le fait qu’en ce lieu, à cette époque, personne ne savait écrire.
Le seul endroit, où, au début de septième siècle, la langue arabe écrite était connue et pratiquée correspond au nord de la péninsule arabique, Jordanie, Syrie, Palestine, Néguev. Mahomet ne peut avoir commencé sa carrière à la Mecque, car, si tel avait été le cas, ses discours n’auraient pu être pris en note. Il a commencé là où existaient des scribes sachant écrire l’arabe.

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http://www.equi-nox.net/t9206-dossier-fevrier-2014-les-religions-preislamiques-de-la-peninsule-arabique